Muséothérapie à Genève
Quand l’art rencontre la santé
Depuis quelques années, la recherche scientifique et les pratiques cliniques confirment l’impact positif de l’art sur la santé physique et mentale. A Genève, dans une volonté de faire évoluer le musée comme espace de vie, de soin et de ressourcement, musées municipaux, thérapeutes et institutions collaborent pour promouvoir les bienfaits de la culture sur le bien-être.
En reliant culture et santé, la muséothérapie propose des expériences sensibles au cœur des musées, favorisant l’expression, l’apaisement et le lien social par la découverte artistique. Comme l’explique Nathalie Bondil, initiatrice des ordonnances muséales au Québec:

« Ce concept est né d’un double constat scientifique. Le musée modifie notre flow cérébral en nous incitant à ralentir; par ailleurs la confrontation à une œuvre d’art nous procure, consciemment ou non, une émotion esthétique qui stimule notre plasticité cérébrale et favorise la sécrétion d’hormones endogènes comme la dopamine ou l’ocytocine, entre autres ».
Dans ce cadre, la Ville de Genève et les milieux de la santé s’associent pour conjuguer Art+ Santé dans une nouvelle approche très concrète de muséothérapie. Les musées municipaux, conjointement avec l’Association professionnelle romande arts, expression et thérapie (ARAET), initient un projet-pilote de résidences afin de proposer à des publics diversifiés des activités d’art-thérapies tout au long de l’automne 2025.
Ainsi, le Musée Ariana, le MAH, le MEG, le Musée d’histoire des sciences, les Conservatoire et Jardin botaniques et le FMAC, accueillent progressivement un ou une art-thérapeute en résidence avec qui ils co-construisent un projet spécifique qui sera proposé au public entre septembre et décembre 2025.

Au programme de l’automne 2025
Le Musée d’art et d’histoire de Genève ouvre ses portes aux ateliers thérapeutiques « Tango & Santé » mêlant la danse du tango argentin et la découverte d’œuvres d’art qui s’adressent aux personnes souffrant de troubles neurologiques (Parkinson, Alzheimer, post-AVC et autres maladies du mouvement) et à leurs proches-aidants. Avec Claire Rufenacht (danse-thérapeute) Pedro Ratto (danseur) et Murielle Brunschwig (médiatrice culturelle).
L’art-thérapeute Claudia Menzago Longchamp co-construit avec le Musée Ariana un programme de muséothérapie dédié aux proches aidantes et aidants et des personnes touchées par une forme de démence (Alzheimer ou autre démence apparentée). Le musée deviendra ainsi un tiers-lieu de ressourcement, d’échanges et de bien-être autour des collections.
Au MEG, la physiothérapeute Patricia Oguey et la médiatrice Ana Luisa Castillo conduisent des ateliers visant à transformer certains mécanismes liés au racisme — hypervigilance, sur-adaptation, sentiment d’infériorité — en favorisant l’autonomie et l’estime de soi. Ce parcours s’appuie sur l’histoire coloniale et décoloniale du musée et sur ses collections. Il est destiné aux personnes racisées et les invite à redevenir acteurs et actrices de leur vie.
Lara Kaynak Kuhn propose les ateliers « Jardins éphémères« , pensés pour les personnes ayant subi une lésion cérébrale. Chaque séance s’ouvre sur une promenade sensorielle au cœur du jardin, avant de se prolonger par un atelier créatif où, à travers diverses techniques, chacune et chacun réalise son propre jardin éphémère.
En lien avec l’exposition « Anatomie » du Musée d’histoire des sciences, Evelyne Brügger propose des ateliers d’art-thérapie « End’ose » qui s’adressent aux personnes souffrant d’endométriose ou de SPM invalidants.
Dans le cadre de l’exposition « Vision » au FMAC, Khadija Nadji Reynes, art-thérapeute, invite les participantes et participants à explorer leur créativité comme un chemin de bien-être et d’expression personnelle. En écho à cette exposition qui met en lumière la diversité des regards, l’atelier valorise la singularité de chaque voix et contribue à construire un espace d’inclusion, de visibilité et de reconnaissance où la création devient un moyen de faire société ensemble.